Bon, ça ne surprendra personne, je suis venu à ces Championnats de France, avec mon deck nain habituel. Tout simplement parce que c'est celui qui me semblait le plus fort à ma disposition, qu'il peut faire face à à peu près tout et que je le connais par cœur, ce qui limite d'autant les risques d'erreur, "impardonnables à ce niveau de la compétition". Pour ce qui concerne le deckbuild, j'ai repris ma composition des Championnats du monde, avec "Pèlerinage" plutôt que "Désertion", option que je n'ai jamais regrettée et qui m'a fait gagner à plusieurs reprises, et un seul changement au final: le remplacement de ma deuxième "Epée de l'aurore" par une troisième "Rune majeure de rancune", plus polyvalente et qui, je le sentais, allais faire des merveilles contre les hordes de Morts-vivants dont je soupçonnais la venue pour le tournoi.
Ronde 1: Arawn Lern
2-0
Je commence en douceur contre Arawn Lern, que je suis bien content d'avoir l'opportunité d'affronter pour la première fois. Je sais qu'il ne joue pas compétitif et suis donc relativement serein. Il joue un deck dégâts-indirects qui ne devrait a priori pas me poser trop de problème, avec toute l'endurance dont je dispose. Au final, je gagne les deux parties sans trembler, mais moins facilement que prévu. La première, il pose d'emblée qui empêche d'annuler les dégâts indirects, ce qui, contre moi, et du pain béni; et je n'ai rien de la partie pour la lui remonter en main. Malgré cela, je garde les choses sous contrôle: je m'installe, le laisse me brûler une zone, puis le bourre brutalement. La deuxième me voit davantage sous pression, car il me pose deux "Maîtres des mers" en champ de bataille les deux premiers touts, qui me font énormément de dégâts. Mais comme, à part cela, il ne pose rien, et que leur carquois finit tout de même par se vider, je conclus tout de même la partie sans me sentir trop menacé.
Ronde 2: Happyhours
1-2
Je tombe ensuite contre l'un des grands outsiders du tournoi, Happyhours, dont je sens bien que le deck MV sera redoutable. Il gagne le tirage au sort et commence, malheureusement. Je garde une main moyenne parce que j'y ai Kazador et "Gardez votre position", mais ce choix ne se révèle pas payant, pour le moins, puisque mon adversaire pose d'emblée Mannfred qui ruine ma stratégie. Happyhours me brûle une zone avec sa "Nuée de chauves-souris", remplit sa défausse et joue gratuitement "Fin des temps", pose plein d'unités et moi quasiment rien, et gagne ainsi la partie. Dans la seconde, ça n'est plus la même. Je commence, me doute bien qu'il va jouer un "Sombre acolyte" pour profiter du "Buveur de sang" qu'il a en défausse; je le lui dégomme immédiatement à la rune, ce dont il ne se remettra jamais. Il n'a pas d'économie, moi je me développe en lui maintenant la tête sous l'eau, et je gagne très facilement. Les données de cette partie sont exactement les mêmes, sauf qu'il commence, et que son "Sombre acolyte" boosté a le temps de faire son œuvre. Je reste dans le coup, cependant, mais son Mannfred me ralentit terriblement; en gros, il me manque un tour pur le bloquer, et il me sort "Fin des temps", juste avant que je ne fasse basculer la partie dans mon sens.
Ronde 3: HoneyBunny
2-0
Après la pause déjeuner, je retourne au combat un peu inquiet de cette défaite précoce, qui m'enlève tout droit à l'erreur pour le passage ultérieur en top 8. Eh oui, j'ai une confiance moyenne dans la capacité d'Arawn Lern à ne pas faire baisser ma résistance, et je sens donc qu'il va probablement me falloir tout gagner de la suite, ce qui ne sera pas facile. Pour l'heure, je joue contre Honeybunny et son deck Chaos contrôle (pose de développement, boost à la "Trouée de bataille", et finish au "Libérer le sortilège"). Affronter une nouvelle tête, c'est toujours sympa, surtout que celle de mon adversaire est charmante. Je gagne par contre assez facilement les deux parties, mon deck de vieux briscard étant trop puissant face à du chaos que les FAQ successives ont bien nerfé.
Ronde 4: Egrimm
2-0
J'entre alors dans le vif du sujet, en étant surappareillé contre Egrimm, qui est en tête avec Juzam et Happyhours à trois victoires. Par bonheur, j'ai, enfin, la chance de commencer une partie dans le tournoi, ce qui tombe bien, car je sens bien que contre le deck Wurrzag de mon adversaire les choses vont être très serrées, et que tous les petits avantages sont bons à prendre. Dans la première, je prends un départ correct, qu'Egrimm remet en question très vite avec un "Rituel de la dent de Mork/Grimmgor" précoce. Par chance, j'ai un "Pèlerinage" en main: je dépense donc toutes mes ressources au tour suivant pour le lui remonter en main. Il n'a plus rien sur la table et peu de cartes dans sa main, moi, j'ai de quoi repartir, et je prends donc l'avantage, en veillant à contrer toutes ses tentatives de se relancer via des "Arracher les têtes" et consorts. Dans la seconde, c'est une longue et douloureuse bataille de contrôle qui se met en place, et que je finis par remporter malgré ses puissants coups de boutoir, grâce à mon économie supérieure. Mais il revient ensuite violemment dans la partie en posant sa légende et en envoyant les resets qui vont bien avec. Je me retrouve pour finir avec deux zones brûlées, et sept dégâts sur la quête. Mais j'ai une main pleine, et j'arrive à repartir, à coups de "Tunnels fighters" et "Thane de Karak Norn" solidement installés en quête, qui me permettent de tenir tout en infligeant des dégâts à la capitale adverse. "Ma vie pour le fort" retarde Egrimm, et dans un ultilme assaut, je lui souffle la victoire au nez et à la barbe au dernier tour en évitant ses chausses-trappes: je pose trois "Elites de Grombrindal" gratuitement, garde mes trois précieuses ressources en main pour jouer la rune sur mes propres unités et leur donner des dégâts (pour contrer le "Ecartez-vous" que je suis à peu près sûr qu'Egrimm à en mains", j'attaque sur son champ de batailles vierge plutôt que de me précipiter sur sa quête bien entamée mais protégée par deux développements suspects (ça sent le "Arrachez les têtes", tout ça...). Et je l'emporte ainsi juste avant la Time limit. Une partie incroyable, avec plein de rebondissements et du haut niveau de chaque côté, comme c'est presque toujours le cas quand je joue contre Antoine. Je suis un peu gêné de l'emporter une nouvelle fois contre lui, alors que, comme cela avait déjà été le cas en janvier, les choses ont été extrêmement serrées. Je ne me doute pas de la pilée monumentale qu'il s'apprête à me mettre quelques heures plus tard...
Ronde 5: Juzam
1-2
Avec cette victoire contre un adversaire de haut de tableau, je suis quasiment sûr de passer en top désormais, d'autant plus que j'affronte pour finir Juzam. A priori, ça devrait bien se passer pour moi contre notre Champion de France en titre, dont, avec le temps, je suis devenu la bête noire officielle en gros tournois. Mais finalement, c'est moi qui perd, sans que fort heureusement, cela n'ait de conséquences sur la suite de mon tournoi. Juzam commence (encore!) dans la première, pose tout de suite deux villages raciaux, garde une ressource qu'il s'empresse de dépenser à mon tour pour me sniper mon "Equipage de servants de canon" qui en plus, pour la première fois du tournoi, n'a rien ramené avec lui. Les tours suivants sont un cauchemar où tout ce que je pose se fait immédiatement détruire, au point que je suis sur le point d'abandonner. Je continue la lutte, pourtant, et revient dans le coup à ma grande surprise, jusqu'à faire jeu égal avec lui. Mais là je commets une erreur fatale: il a Kairos en jeu, plein de développements unités et un "Sorcier": j'ai une rune en main et un "Pèlerinage" et je peux donc faire un carnage chez lui si je joue la rune. Mais malheureusement je préfère temporiser et lui remonter son "Sorcier" pour je ne sais plus trop quel raison, remettant le carnage au tour suivant. Ce que je n'ai pas prévu, c'est qu'à lui laisser Kairos en jeu, il a les ressources au tour suivant pour poser un "Buveur de sang" qui vient ruiner mon projet d'annulation de dégâts et qui lui permet de brûler ma deuxième zone, sans que mon "Ma vie pour le fort" ne puisse rien faire. Je ne me rappelle pas la partie suivante, si ce n'est que je dois la gagner assez facilement, au contraire de la manche décisive, qui s'ouvre sur une bourde de ma part. Je mets en développement ma précieuse rune plutôt que le "Pèlerinage" que j'ai aussi en mains, avant de voir mon adversaire poser dans la foulée un "Sanguinaire" que j'aurais pu faire aisément sauter avec pour réduire à rien la pioche de Juzam et le bloquer. Derrière, je ne sors pas bien et je finis par perdre, en pestant contre mon incurie, une partie que j'aurais sans doute pu gagner autrement.
Quarts de finale: Juzam
2-0
Au final, après un bref moment de doute, je me retrouve septième, ce qui me donne le droit de réaffronter Juzam (deuxième) en quarts de finale. Cette fois-ci, je suis assez serein: je sais que le match-up m'est favorable, que je ne referais plus les mêmes conneries que dans les parties précédentes et que le dieu des joueurs de cartes ne me laissera pas tomber. Et d'ailleurs, cette fois-ci, je gagne le tirage au sort, tout comme ce sera le cas face à mes deux adversaires suivants. Dans la première, je prends d'emblée l'avantage: je pose plus et plus vite que mon adversaire, quitte, malheureusement, à m'enflammer un peu trop. Piocher six ou sept cartes par tour, ça donne des possibilités, mais c'est tout de même très risqué. Je connais mon Juzam: je sais qu'il ne dit rien, mais qu'il n'en pense pas moins, et qu'il a repéré mon erreur aussi bien que moi. Une course contre la montre commence alors: je dois gagner avant de vider mon deck, et de me battre tout seul. C'est pour moi la partie la plus stressante du tournoi, car je sais que je n'ai pas le droit de la perdre, ayant largement l'ascendant sur la table, et que je m'en voudrai terriblement si cela arrive, m'étant mis dans la mouise tout seul. Par chance, je connais très bien le deck de mon adversaire, et je sais exactement ce qu'il peut faire contre moi: en gros, attendre dans son coin et temporiser en me corrompant des unités, que ce soit par "Séduit par les ténèbres" sur Kazador ou en me piégeant via la combo "Lieu de débauche"/"Temple profané"/"Prince démon"). J'arrive finalement à éviter tous les écueils et l'emporte en évitant la défaite au dégât et à la carte près... Ouf, j'ai eu vraiment très chaud... La suivante est tout aussi difficile. Une grosse bataille de contrôle où Juzam me met une énorme pression direct, mais où je tiens à un fil grâce à deux "Gardez votre position" providentiels qui l'empêchent de me raser ma table. Après avoir contré le gros de l'offensive, par contre, je prends progressivement l'ascendant suite à mon troisième et dernier "Gardez votre position" qui me permet de sortir Kazador. Me voilà en demi-finales! Mais, je suis un peu navré d'avoir une nouvelle fois sorti un adversaire que j'apprécie beaucoup et dont, une nouvelle fois, j'ai pu mesurer le haut niveau... Toujours en top, quelles que soient les circonstances et les adversaires, sans jamais s'entraîner, et avec un deck qui n'est plus ce qu'il a été pas le passé. Respect.
Demi-finale: Egrimm
0-2
Autant j'étais confiant contre Juzam, autant je sens que ça ne va pas être facile contre Egrimm. Pas sûr en effet que les choses se passent aussi bien qu'en ronde. Pourtant, ça ne commence pas si mal: je gagne le tirage au sort et j'ai une sortie correcte. Malheureusement, ensuite ça se gâte: Egrimm pose un truc à deux et garde une ressource avec un développement en Royaume. Ca sent le "Arrachez les têtes", mais je n'ai ni "Démolition" ni "Pèlerinage" en main pour le gérer. Tour 2, je me retrouve donc face à un Wurrzag avec "Liber mortis". Ca s'annonce difficile. J'essaie de gérer sa légende tout de suite parce je sens qu'après, s'il commence à mettre en jeu mes propres Kazador comme il l'avait fait à Rennes, cela deviendra très compliqué (pour ne pas dire cauchemardesque). Il n'a rien encore dans sa défausse, donc ça peut peut-être passer, d'autant plus que j'attaque par la quête où il a une "Vallée des yeux innombrables" qui potentiellement peut l'emmerder, du moins je crois (en fait, la restriction de la carte porte sur du "joué" et non du "mis en jeu"), mais j'ai zappé le "Combattant des tunnels" qui vient de rentrer dans ma défausse et qu'il s'empresse de ranimer. Bref, Wurrzag survit, et à partir de là, je me fais contrôler sans pitié. Ca ne sent pas très bon, mais je ne lâche pas l'affaire et repart à l'attaque dans la manche suivante, où j'y crois pendant... un tour. Je pose un village et un "Tombeau ancestral" en quête histoire d'avoir de la pioche et de prendre Egrimm de vitesse. Mais il me fait la sortie de sa vie: pisteur gobelin/"Rituel de la dent de Mork"/"Grimmgor" (en quête évidemment). Bref, à la fin du tour, je n'ai plus rien en jeu. Et je n'ai aucune chance de repartir, puisque ensuite il enchaîne les "Embuscades snotlings" qui me privent de ressources, les "Bash them, et consorts qui me roulent dessus sans que je ne puisse rien faire. C'est bien simple, je ne me rappelle pas m'être déjà fait pulvériser de cette manière depuis que je joue à ce jeu. Pas de chance que ce soit précisément tombé ce jour-là. Mais le bon côté de la chose, c'est que n'ayant strictement rien pu faire, je n'ai aucun regret.
Petite-Finale: iGogol
2-0
Du coup, je retrouve iGogol pour le rendez-vous des losers, nous deux, les éternels placés, jamais gagnants. A priori, je ne me vois pas l'emporter contre lui, tant son deck a déglingué tout ce que je lui opposais la veille en amical à la maison. Je revois en mémoire mon élimination de l'année dernière contre Djibi et ses Hauts-elfes contre lesquels je ne pouvais rien faire, et j'imagine déjà un scénario cauchemardesque à base de "Mage de Loec" annulant tous mes "Ma vie pour le fort", "Force mentale" et autres "Gardez votre position". Mais finalement les choses vont se passer très bien, et je vais remporter mes deux parties sans grande difficulté. Pour une raison très simple: le card advantage. Je sors beaucoup plus vite que lui et mon économie est bien meilleure. Du coup, c'est le même scénario qui se produit à chaque fois. Je m'installe, remonte ses "Mages de Loec" à coup de "Pèlerinage" qui ne me coûtent rien, mais lui font perdre, à lui, un tour, puis je gère ses porte-avions à la "Rune majeure de rancune" ou les tient en respect avec mes "Ma vie pour le fort" pendant que je lui brûle ses zones. La seconde manche est juste un peu plus longue parce que je ne pioche ni mes Kazador ni mes "Gardez votre position".
Au final, je termine donc 3e, ce qui n'est pas si mal, et constitue, après tout, mon meilleur résultat dans un CF, après mes échecs des deux années précédentes. Du coup, je suis plutôt content. D'autant plus qu'une nouvelle fois, la journée s'est passée dans la meilleure ambiance du monde. Quel plaisir de revoir chacun et de retrouver tous les membres de notre communauté bienaimée.
Un grand merci à Bud pour l'organisation (dire qu'il a failli pousser le sacrifice et l'abnégation jusqu'à ne pas jouer...
), mais aussi à tous ceux qui sont venus de loin pour avoir fait le déplacement.
J'ai été heureux de voir une nouvelle tête rentrer dans le "Hall of fame", déçu de ne pas entendre Delvit râler et s'énerver autant que d'habitude. J'ai plaint de tout mon cœur les protagonistes martyrs de la finale (une heure rien que pour la première manche, après une journée déjà bien intense de prise de tête...), et ceux qui ont dû ensuite reprendre la route à 22h.
Enfin, petit message personnel au Prince dragon de l'est: Tu es le meilleur, tu es un chef et un vrai génie, et tu es tout en haut, même si pour les autres tu as l'air d'être tout en bas (c'est comme les Australiens, quoi...). Comprenne qui pourra.
Mea culpa.
Épique...
